Écouter Ipso Lotto (oeuvre électroacoustique 6 canaux diffusée avec l'installation visuelle).
Portfolio de l'installation - Nouvelle version visuelle 2023 (PDF)

L'installation visuelle Lostery 2 est destinée à être disposée en arrière-plan des oeuvres musicales Ipso Lotto (électronique) et Later Gambler (clarinette contrebasse solo et électronique).

Le titre Lostery condense les mots anglais « lost » (« perdu ») et « Lottery » (« loterie »). Il exprime donc un état d’esprit plutôt pessimiste selon lequel ce qui a été mis en jeu débouche le plus souvent sur un résultat perdant.
Il rend compte de la crise sociale et économique que nous traversons depuis déjà plusieurs années et de l’inégalité croissante entre les individus.

Lostery interroge deux paramètres structurels qui ont une influence significative sur nos vies - d’une part, les rouages de la machine sociétale dans laquelle nous sommes immergés et qui conditionne nos destinées pour une bonne part, et d’autre part, la notion de hasard. Celui-ci intervient dans le parcours que nous pourrons ou ne pourrons pas emprunter. Il distribue les individus du côté des plus ou moins chanceux ou malchanceux selon le système socio-politique et économique du pays dans lequel ils sont nés (plus ou moins favorisé et égalitaire), leur vie dans un pays en guerre ou en paix, le niveau socio-culturel de la famille dans laquelle ils sont élevés, la possibilité d’étudier ou pas, la plus ou moins grande liberté de choix qui leur est accordée, etc.

L’installation comprend divers éléments visuels et objets en rapport avec les jeux de hasard. Une immense machinerie abstraite est projetée sur un écran. Ses motifs graphiques emboîtés les uns dans les autres évoquent les rouages complexes d’un monde dont le contrôle nous échappe. Cette sorte de toile enchevêtrée donne la sensation que les individus sont capturés dans un mécanisme obscur qui distribue les dés de façon totalement aléatoire. Elle propose un contrepoint visuel à la mécanique sonore de la pièce. Son graphisme noir et blanc nous rappelle que le jeu est de nature binaire. On gagne (« jackpot ») ou on perd (rien, que dalle, en argot, « jack shit »). C’est quitte ou double, tout ou rien.

Des objets réels (cinq mini-sphères de loto) sont disposés sur des présentoirs cubiques. Des objets fabriqués (sphères de tailles diverses, petits cubes) comportent le même type de graphisme abstrait noir et blanc que la machinerie et créent une connexion entre les objets se référant au jeu (boules de loto, dés à jouer) et l’image projetée. Ils semblent être les débris rejetés par un système à la mécanique inflexible. Le graphisme ondulatoire ramifié peint sur les sphères suggère un circuit neuronal ou les vaisseaux sanguins d'un globe oculaire. Il souligne le fait que le psychisme et la perception des joueurs semblent se confondre avec les boules de loto tant il est impossible de se distancier du jeu.

Qu’est-ce que la chance ? Naît-on du bon ou du mauvais côté ? Dans quelle mesure peut-on véritablement décider de sa vie ? L’accumulation des connexions sonores et visuelles induit la perception d’un tout cinétique, bruitiste, et machinique. Quelle place est-il possible de trouver dans un tel système ou au contraire, comment est-il possible de faire un pas de côté et de s’en extirper ?

Lostery 2, comme les deux autres volets du cycle Lostery, est un objet artistique qui assemble divers éléments éventuellement démontables.
Trois types de présentations sont possibles : 1/ Ipso Lotto (électronique) et Later gambler (clarinette contrebasse et électronique) sont des oeuvres musicales qui peuvent être présentées dans le cadre d'un concert. 2/ Ipso Lotto peut être associée à l'installation visuelle et se présente alors sous la forme d'une installation sonore et visuelle (elle est jouée en boucle). 3/ Les deux oeuvres musicales sont toutes deux associées à l'installation visuelle et sont jouées successivement. Le tout peut alors être qualifié de concert/installation sonore et visuelle.

Photos de la création de cette nouvelle version visuelle : festival FARaway (Reims), 2023.
Création de la 1ère version visuelle : festival ECLAT (Stuttgart-DE), 2017.

Gesso ; peintures acryliques (blanche, noire) ; couteaux à peindre ; marqueurs acryliques noirs ; triptyque de peintures (3 toiles en coton : 70x50 cm, 100x50 cm et 70x50cm) ; objets fabriqués : une trentaine de sphères de polystyrène peintes (diamètre variant de 10cm à 30cm) ; une dizaine de petits cubes en bois peints ; 5 machines à Bingo, avec boules de Bingo, posées sur des supports ; cartes de Bingo ; image projetée sur un écran (format 16/10) réalisée à partir d'un montage numérique de 13 dessins sur papier 80g A4 (collage de fragments d'adhésif de réparation toilé blanc ; marqueurs acryliques noirs).

Clara Maïda, février 2017