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Shel(l)ter

später… ( ) …Winter

1ère partie de Shel(l)ter, cycle pour ensemble et électronique.

Durée : 14'40.
Effectif instrumental : clarinette, basson, violoncelle, 3 percussions et électronique (6 canaux).
Date de composition : mars 2009.

Commande : MINISTÈRE DE LA CULTURE / GMEM. Résidence : GMEM (Marseille). Réalisation du live électronique : Charles BASCOU. STUDIO ÉLECTRONIQUE de la TECHNISCHE UNIVERSITÄT (Berlin, DE).
Création mondiale : LES PERCUSSIONS DE STRASBOURG et NOUVEL ENSEMBLE MODERNE (dir. Lorraine VAILLANCOURT). Festival Les Musiques (Marseille), 16/05/2009.

Autre concert : ensemble L'ITINÉRAIRE (dir. Jean DEROYER). CLARA MAÏDA - CONCERT-PORTRAIT du DAAD, festival Ultraschall (Berlin, DE), 30/01/010.

Fiche technique (pdf)

Photos de l'abri antiatomique © Clara Maïda

 

Extrait de partition
(pdf)

2009

Partition Shel(l)ter - unter … ( ) …Gitter par Clara Maïda

 

[ cl, bsn vlc, 3 perc et élect ]

Notice de programme

Shel(l)ter est un cycle de quatre pièces qui se réfère à un espace très spécifique, l’un des abris antiatomiques de Berlin.

Le redoublement de la lettre « l » condense les mots « shell », (« coquille » ou « carapace », en anglais) et « shelter » (« abri »), qui évoquent tous deux la tentative de protéger le corps contre toute agression. Mais « shell » désigne également un obus, et la double polarisation de ce mot souligne alors combien le comportement humain est absurde lorsque l’on construit à la fois des objets de destruction massive et des objets de « protection massive ».

Placée à l’intérieur de parenthèses, ce « l » redoublé signale à la fois une butée et la bifurcation ou la transformation d’un élément répété, une rupture, une mutation de la structure d’un matériau donné ou d’une situation, ainsi qu’une séparation ou un enfermement, l’effet pervers autodestructif que toute protection est également susceptible d’induire quand elle débouche sur l’isolement.

Dans Shel(lter, on pourrait parler de « nanomusique » (référence aux nanosciences qui observent et manipulent des objets à l’échelle atomique), dans la mesure où cette mobilité et cette transformation des propriétés du tissu musical résultent de microprocessus qui agissent sur les particules sonores, engendrent des variations de masses, de formes et de parcours, mais aussi des résistances ou des persistances. La dimension atomique nous rappelle ainsi que tout est particule, tout est atome, le champ sonore n’étant qu’un des possibles du champ infini de la matière.

Dans cette première pièce du cycle, le sous-titre später... ( ) ...Winter - qui signifie en allemand « plus tard... ( ) ...hiver » fait allusion aux hypothèses d’un hiver nucléaire qui succéderait à l’explosion de plusieurs bombes.
Selon les modélisations proposées par les scientifiques, dans une telle situation, de grandes quantités de fumée et de cendres, générées par la combustion de plastiques et de carburants à base de pétrole, seraient injectées dans l’atmosphère terrestre et produiraient ce type d'état climatique. La formation d’une couche de particules réduirait le rayonnement solaire de façon très importante. Des nuages noirs et épais se formeraient alors et absorberaient la lumière induisant ainsi des conditions météorologiques extrêmement froides.

La pièce s’articule autour de cette dialectique entre, d’une part, une extrême perturbation de la matière musicale, des phénomènes qui miment la fusion, la fission ou la réaction en chaîne nucléaires, et d’autre part - principalement avec l’électronique -, une coagulation élastique des masses sonores qui glissent comme des coulées de lave. Ces glissements peuvent aussi bien évoquer les couches instables décrites par la géologie (comme lors d'un effondrement de terrain, par exemple) qu’un état de traumatisme psychique vécu comme une sorte de suspension temporelle, un gel des facultés mentales ou l’impression d’un chavirement intérieur.

La fission nucléaire est le phénomène par lequel un gros noyau d’atome se désintègre en plusieurs fragments plus petits, l'émission de neutrons  dégageant une énergie très importante.
Dans la réaction en chaîne, chaque neutron émis lors de la fission d’un noyau atomique peut à son tour provoquer la fission d’un autre noyau, et ce processus pourra ainsi se multiplier. Une bombe A est conçue pour déclencher délibérément une réaction en chaîne.

L’écriture musicale est donc « atomique ». Elle résulte d’un assemblage de particules infiniment petites qui forment des objets compacts. Comme l’énergie s’accumule, ces objets explosent dans l’espace sonore et disséminent leurs composants.
L'écriture est aussi « génétique ». Les bouleversements induits dans la matière rappellent ceux que l’on peut décrire sur le plan chromosomique, avec la possibilité d’erreurs de réplication, de cassures, de permutations des micro-éléments. Toutes ces infimes modifications engendrent alors des déformations et des formes nouvelles (ou mutantes).

Clara Maïda, novembre 2010

Shel(l)ter - später... ( ) ...Winter - Partition - Page 34

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