Notice de programme

Kinê-Diffr(a)ct est le premier volet de Kinêm(a), cycle de pièces pour quatre à sept instruments amplifiés.

Le titre de la pièce est créé à partir du mot grec « kinêma » qui signifie « mouvement » et du terme « diffraction » qui désigne le phénomène selon lequel la densité d'une onde n'est plus la même après la rencontre d'un objet.
La diffraction est le signe de la nature ondulatoire d'un phénomène, et s'observe avec la lumière, mais aussi le son, les neutrons, les rayons X.

Cette notion de rupture de l’identité, de la qualité ou de la continuité d’un phénomène physique, induite par la rencontre avec un objet, se manifeste déjà dans la coupure des mots qui constituent le titre (« kinê » et « diffract »).

Si l’on privilégie l’écriture d’une matière musicale parcourue par des ondes dont la trajectoire est continuellement déviée ou brisée en éclats poly-directionnels dès lors qu’elles entrent en collision avec des objets, et si l’on imagine des objets sonores en constant mouvement et susceptibles d’être aussi bien générateurs de perturbations vibratoires qu’ébranlés ou fissurés en retour par ces bouleversements que leur présence implique, quelle expérience sonore tenter ?

Les objets sonores en mouvement, les diffractions multipliées par cette mobilité des objets, l’éclatement et les projections des débris d’objets renouvellent encore dans l’espace musical les rencontres possibles avec des ondes sonores et d’autres altérations à venir. Des diffractions toujours plus nombreuses aux objets de plus en plus fragmentés et migratoires, le tissu musical se pulvérise en particules flottantes et résiduelles. Diffraction de la diffraction, éclats de l’éclat, débris des débris. La pièce tente de retracer le procès qui se joue au cœur de la matière et des lois qui la régissent.

Clara Maïda, avril 2008