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Bowling bowls


Durée : 10'27.
Effectif instrumental : hautbois, trompette en ut, alto, contrebasse et 50 enfants (bols et voix).
Date de composition : mars 2007.

Commande : ORCHESTRE NATIONAL DE LYON. Les chantiers de la création.
Création mondiale : musiciens de l'ORCHESTRE NATIONAL DE LYON et enfants du Groupe Scolaire La Fontaine (direction : Clara MAÏDA). Auditorium de Lyon, 08/06/2007.

 

Extrait de partition
(pdf)

2007

Partition Bowling bowls par Clara Maïda

 

[ htb, trp, alt, cb et 50 enfants ]


Extrait

Notice de programme

« Bowl » est un mot anglais qui signifie « bol » comme sa ressemblance sonore nous l’indique. Le titre fait donc référence à l’usage de bols sur lesquels les enfants produisent différentes sortes de sons tout au long de la pièce.
Mais « bowl » veut aussi dire « boule » et toute une chaîne d’associations mentales m’est immédiatement venue à l’esprit, avec pour commencer, le mot « bowling » qui désigne le jeu pratiqué dans les salles, mais aussi tout simplement le lancer d’une boule.
Si l’on visualise ces boules noires utilisées dans le jeu du bowling et lancées pour faire violemment tomber des quilles blanches, on peut rapidement penser aux bombes, qui sont souvent représentées, sur les dessins, par une boule noire avec une mèche qui fume. Dans ce cas, le lancer de boules noires ferait violemment tomber non des quilles, mais des êtres humains, provoquant blessures et mort.

Cette idée d’un objet qui poursuit une trajectoire jusqu’à la collision et à la destruction d’un autre objet est l’un des évènements sonores exposés et développés tout au long de la pièce (par exemple, une note tenue dont la dynamique s’amplifie jusqu’à ce que les enfants frappent le bol de leur cuillère et laissent entendre un son proche du bris d’un objet).

Sur le plan formel, la pièce prend le parti d’une structure déchirée, constituée de lambeaux d’événements, et souligne ainsi la désagrégation qu’engendre la violence. Certaines situations reviennent régulièrement, mais elles sont aussitôt défaites. Ainsi, la superposition de petits glissandi très courts joués par les instruments évoque-t-elle à plusieurs reprises des gémissements, une voix qui n’aurait plus de parole. Le retour des sons multiphoniques joués par le hautbois nous fait également entendre un son proche du râle. Les objets sonores joués par les instruments sont morcelés, interrompus par le choc des bols. D’autres situations musicales dessinent, par la répétition de motifs glissant successivement vers le bas et vers le haut, un environnement qui chavirerait et au sein duquel l’équilibre nous ferait défaut.

Mais « bowling », familièrement, veut aussi dire « époustouflant » (« bowled over » : « époustouflé »), et l’acte de frapper sur les bols m’a rappelé ces argentins, lors de la dernière crise économique, qui tapaient sur des casseroles (les casserolasos) tout en scandant leurs revendications. Dans ce cas-là, un retournement serait possible, et l’acte des enfants (porteurs de notre avenir autant que d’espoir) serait alors un sursaut contre la brutalité. La parole apparaît. Elle est inarticulée dans un premier temps (le « a - o » que l’on peut entendre quand on prononce le mot « bowl »), puis elle devient capable de prononcer le mot lui-même et enfin la séquence complète « bowling bowl » alors que le bol de chaque enfant l’affirme unique et cependant impliqué dans l’action collective.
Sur ce « bol époustouflant »  (et ici, le fait que cet objet soit un contenant pour la nourriture prend toute sa signification), chaque choc de la cuillère exprime le refus de la violence et de toutes les formes d’injustice, l’appel aux mêmes droits pour tous.

Clara Maïda, mai 2007

Bowling bowls - Partition - Page 22

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