Al Aknawakht
Durée : 8'39.
Effectif instrumental : percussion solo.
Date de composition : juin 2005.
Création mondiale : Thierry MIROGLIO. Festival French May (Hong Kong Academy for Performing Arts, HK), 26/05/2007.
Autres concerts : Michael WEILACHER, Musikakademie Rheinsberg (DE), 21/05/2010. Galerie Alpha Nova (Berlin, DE), 26/05/2010. Thierry MIROGLIO, Auditorium Saint-Germain (Paris), 18/12/2009. Festival Ars Musica (Bruxelles, BE), 05/04/2009. Festival Croisements (Shanghai, CN), 01/06/2007. Festival Eleazar de Carvalho, Université de Fortaleza (BR), 11/07/2007.
Extrait
Notice de programme
Le titre de la pièce est un « titre-valise » (à rapprocher du concept de « mot-valise » qui désigne la formation d’un mot à partir de la condensation de plusieurs mots. Lewis Carroll, par exemple, crée le mot « snark » à partir des mots « snake » (serpent) et « shark » (requin) dans son poème « La chasse au snark »).
Al Aknawakht est donc le résultat de la condensation des noms de trois rythmes utilisés dans la musique arabe (Al insiraf, Aksak et Nawakht).
Tout le matériau de la pièce est basé sur ces trois rythmes dont l’un (Al insiraf) est proposé dans deux versions différentes.
Des strates de timbres très identifiables (peaux, bois, métaux) sont superposées. Elles ont des processus rythmiques autonomes et constituent ainsi une sorte de structure clivée, divisée au sein de laquelle chaque strate entre en conflit avec les autres et tente d’imposer sa prédominance. Les dilatations et les contractions temporelles de chaque strate coexistent sans s’influencer réciproquement.
L’écriture polyrythmique (sorte de géologie acoustique structurale) induit des glissements de masses, déchire progressivement la matière d’une couche sonore pendant qu’elle resserre le tissu d’une autre et laisse progressivement émerger ou disparaître un timbre ou un autre.
Par moments, l’instabilité, génératrice aussi bien de fissures que d’accumulations de la matière musicale, ébranle des couches plus fines à l’intérieur d’un même timbre. Seuls quelques lambeaux, une ligne précaire persistent. Un résidu rythmique réduit au minimum audible (une triple croche) et le silence qui lui correspond (un huitième de soupir) se déplacent, se croisent et se perdent. Le mouvement extrêmement volatil de ce minuscule objet qui ne trouve jamais sa place et de cette place vide qui n’est jamais occupée induit à la fois toutes les potentialités et l’impossibilité d’une rencontre.
La matière n’est plus. Seul subsiste un mouvement pur. La pulsation devient alors le dernier rempart contre la dissolution totale, une dernière vibration, un dernier battement. Elle se manifeste par sa simple présence, lieu (ou lieu du non-lieu) où la figure n‘existe pas, où quelque chose persiste cependant au-delà de la figure.
Clara Maïda, mai 2005
Al Aknawakht - Partition - Page 11